Il y a des coïncidences qui font sens. Cette année, le Ramadan et le Carême se croisent, comme deux amis qui s’accompagnent, chacun sur son chemin. Nous serons pendant plus de trois semaines en communion de prière, nos regards tournés vers le Dieu miséricordieux. Nos chemins vont donc se croiser mais sans se confondre. Car le Ramadan et le Carême sont différents.

Nos années passées en Tunisie nous ont probablement permis de vivre ce mois saint en étant invités dans des familles musulmanes. Nous en gardons un bon goût, pour la nourriture soigneusement préparée par la mère de famille, et aussi pour les liens d’amitié renforcés. Nous souhaitons aux nouveaux arrivés dans le pays de pouvoir vivre ce compagnonnage culturel et la découverte de la foi musulmane. Jeûne du lever au coucher du soleil, puis repas familiaux, prières à la mosquée ou à la maison, écoute continue du coran, aumône pour les pauvres… Ces différents actes et moments vont rythmer les 28 jours et nuits du mois de Ramadan dans le but de se rapprocher, de se conformer à Dieu.

De notre côté, le Carême est aussi une longue marche, mais elle est tournée vers la lumière de Pâques. En effet, notre foi serait vaine sans la rencontre des premières femmes, puis des autres disciples, avec Jésus le Ressuscité. Ils disent l’avoir vu, touché, écouté. Son tombeau retrouvé vide est devenu le signe de la victoire de la vie sur la mort.

En attendant ce jour béni de Pâques, nous marcherons humblement avec Jésus, derrière Jésus. Il trace pour nous un sillon, celui de l’engagement qui l’a mené jusqu’au don total de lui-même par amour pour son Père et pour l’humanité entière. Pendant ce Carême 2025, Jésus nous montrera le chemin qui passe par la discrétion, le renouvellement de notre engagement comme ambassadeurs du Christ, dans les milieux où nous vivons.

La discrétion : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer… Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi… que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,1-6.16-18) La discrétion ne fait pas de bruit, mais elle réchauffe les cœurs qui donnent et se donnent. Elle transforme nos indifférences en partage heureux.

Revenir : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux. » (Jl 2, 12-18) Les larmes et les deuils du monde s’affichent sur nos écrans, se lisent dans les journaux. Pendant ce Carême, l’actualité 2025 et les dernières semaines de Jésus sur la terre de Palestine auront un écho très particulier. Pourquoi les trahisons, arrogances, manque de loyauté, complots continuent-ils de mettre à mort des innocents ? Le Carême n’est pas une traversée dans l’habitude, il nous demande beaucoup d’efforts pour déraciner nos paresses, nos manques d’attention, nos petites mesquineries… C’est de notre cœur et de celui du monde qu’il s’agit.

Engagés comme ambassadeurs du Christ : « Frères et sœurs, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (2 Co 5, 20 – 6, 2) Pendant ce Carême, Dieu nous envoie en mission, non pas comme des conquérants ou des gens qui savent mais comme des ambassadeurs-serviteurs et des réconciliateurs.

Sr Cécile DILÉ, SMNDA