19 décembre 2025

À Rome et au Maroc au service de l’éducation

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Le P. Jawad ALAMAT, curé de la Paroisse Carthage-La Marsa, secrétaire général de l’enseignement catholique en Tunisie et président de l’OIEC (Office International de l’Enseignement Catholique), dialogue avec nous sur deux expériences marquantes qu’il a vécues dernièrement à Rome et au Maroc, au titre de président de l’OIEC.

Nous le remercions pour ce partage !

Père Jawad, qu’est-ce que vous a amené à Rome, à la fin du mois d’octobre ?

J’ai eu la joie de participer au Jubilé du Monde Educatif, au cœur duquel il y a eu la rencontre enthousiasmante avec le Saint Père Léon XIV. Il a relancé le Pacte éducatif global, initiative du Pape François, et nous a proposé, entre autres, quatre « points cardinaux » pour notre mission : intériorité, unité, amour et joie. Nous avons de quoi travailler là-dessus…

De plus, à l’occasion du Jubilé, le Conseil de l’OIEC, formé par les représentants régionaux et continentaux, s’est réuni trois jours à Rome.

Nous avons partagé nos expériences et discuté sur comment travailler ensemble aujourd’hui, face aux défis qui se posent. L’éducation est d’autant plus décisive en ce temps de changements historiques, qui entrainent tant de fragilités et où les valeurs et les évidences irréfutables sont mises en question. La collaboration entre écoles catholiques est indispensable, afin de sauvegarder et développer les fondements de l’humanité, pour le bien de tous et selon le projet de Dieu. Nous avons largement débattu sur le thème de l’IA, qui peut rendre d’énormes services, mais engendrer également de lourdes conséquences. Comment faire, afin que cette magnifique invention de l’homme ne se retourne pas contre lui ?

La nouveauté exceptionnelle a été la présence, en parallèle du Conseil de l’OIEC, d’un Conseil des jeunes, constitué par l’OIEC : trente filles et garçons de tous les continents. Le troisième jour, nous nous sommes rencontrés et nous, les adultes qui parlons beaucoup des jeunes et aux jeunes, cette fois les avons écoutés : ils nous ont communiqué leurs désirs, leurs rêves, leur engagement pour un monde plus humain, dans lequel ils ne sont pas simplement les destinataires de nos bonnes actions, mais de vrais protagonistes.

À la mi-novembre vous êtes parti au Maroc : dans quel but ?

Cette année, la réunion régionale de l’OIEC qui concerne le Moyen Orient et le Nord Afrique (MENA) s’est tenue à Rabat du 11 au 13 novembre 2025, à l’invitation de l’Archevêque, Son Éminence le Cardinal Cristóbal López Romero, qui a été tout le temps avec nous. Une présence remarquable !

La réunion a débuté par la présentation des rapports sur la situation des écoles catholiques dans chaque pays et s’est poursuivie par une réflexion autour du thème central : « Le dialogue interreligieux dans l’éducation, gage de paix et de fraternité », animée par le Cardinal López Romero et par le professeur Rachid Saadi, un intellectuel marocain musulman d’une culture, ouverture et sensibilité extraordinaires.

M. Saadi a présenté d’une manière passionnante l’importance de donner place aux différentes religions et cultures dans l’enseignement.

Nous avons réfléchi sur plusieurs pistes de travail : assurer un enseignement-apprentissage qui reconnaît la place de l’autre et ouvert à la pensée philosophique et critique ; former les enseignants à la pédagogie interculturelle et interreligieuse ; former des élèves-citoyens actifs et responsables, ouverts au dialogue et à la reconnaissance de l’autre.

Nous avons souligné trois conditions, nécessaires pour la réussite de ce dialogue : la force de l’identité, le courage de l’altérité et la sincérité des intentions.

La rencontre avec des responsables de l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa – un lieu de formation, de réflexion et de promotion du dialogue interculturel et interreligieux – a confirmé nos orientations.

Êtes-vous satisfait de cette expérience ?

Sûrement ! Je suis ravi d’avoir découvert le contexte et l’Église du Maroc, qui ont de grandes ressemblances avec ceux de la Tunisie. Tout en étant jordanien, je me suis senti plus chez moi au Maroc qu’au Moyen Orient !

En effet, il y a des diversités significatives, dues aux différents vécus, entre le Nord Afrique et le Moyen Orient : le partage a été très enrichissant. Nous avons remarqué que la réciprocité n’est pas une condition incontournable pour le dialogue : l’Église est appelée à avoir envers le monde la même attitude de Dieu, qui a ouvert un dialogue gratuit avec l’humanité à travers le Christ. Il faut avoir un regard prophétique, qui voit le bien présent plutôt que les manques ; l’annonce et le dialogue vont ensemble.

Le Maroc un pays en plein développement, où l’Église a de grandes opportunités par rapport aux écoles. L’ECAM (Enseignement Catholique au Maroc) a un statut qui lui attribue une certaine autonomie et liberté de gestion et innovation. Quatre collèges sont en construction !

Les directeurs et directrices des écoles de l’ECAM – j’ai eu le plaisir d’en visiter deux – sont marocains, des personnes compétentes et motivées ; la présence des religieux/ses est partout très appréciée et désirée.

Enfin, il a été vraiment intéressant de constater que, pour nous tous, la foi se traduit dans un projet éducatif qui met au centre la personne et s’engage à cultiver l’accompagnement des parents, la discipline, la citoyenneté, la justice, la paix…

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